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TU SERAS PAYSAN MON FILS
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21 février 2011

Ma lettre au Président de la République partie ce jour...

Mickael POILLION

44 rue principale

62130 HERICOURT

 

A Héricourt, le 21 février 2011

 

 

Monsieur le Président de la République,

 

Je tiens, avant tout, à vous remercier pour votre invitation à déjeuner à l'Élysée ce mercredi 23 février. Je ne pourrai cependant honorer votre invitation.

 

Je serai en effet, à Amsterdam, en débat avec des  jeunes agriculteurs européens sur la future  politique agronomique, alimentaire et territoriale dont nous avons besoin pour reconquérir la considération de nos concitoyens.


Monsieur le Président, vous vous êtes engagé solennellement, le 10 février 2011 devant prés de neuf millions de téléspectateurs, à maintenir l'engagement fort de l'Etat français dans la seule politique européenne à ce jour : la PAC.

Les Français en ont pris acte, mais la jeune génération attend bien mieux.


Monsieur le Président, les jeunes paysans veulent produire des aliments de qualité accessibles à tous nos concitoyens en préservant les ressources naturelles, et être acteurs de leur territoire, des paysages et de la biodiversité. Il est urgent de tracer le chemin de cette nouvelle utopie.

 

 
Les consommateurs se sentent parfois perdus entre un réel attachement à la paysannerie française (chaque année aussi nombreux au salon de l'agriculture) et le contenu de leur assiette qui les fait douter.
Les citoyens s'interrogent sur notre capacité à répondre aux enjeux environnementaux. C'est affiché maladroitement dans les couloirs du métro parisien en ce moment.
Les jeunes talents qui dynamisent les campagnes françaises et européennes ne représentent que 7 % de la population agricole européenne, c'est dire le gisement d'emplois.

 

Les jeunes de plus en plus urbains ne demandent qu'à manger qualité et local, mais souvent hélas, ils doivent faire le choix de se serrer la ceinture en sacrifiant leur budget alimentation, afin de payer très cher loyer, transport, etc...

 

Monsieur le Président, les solutions existent, nous avons les moyens de les mettre en œuvre, vous les avez déjà évoquées et je vous cite :

Il faut « libérer les possibilités pour les productions locales » afin de recréer un réel maillage de savoir faire et d'artisans de la qualité au service de tous les citoyens et en particulier des jeunes notamment par la restauration collective. Ce n'est pas nouveau mais ce n'est pas encore une réalité.

 

« Pas de jeunes agriculteurs, plus d'agriculture ». Nous avons besoin de favoriser le renouvellement des générations en agriculture, en France, c'est plus de 200 exploitations chaque semaine qui ne trouvent pas preneur. Il faut former les esprits à renouveler notre modèle agricole et alimentaire. D'ailleurs, ne serait-il pas judicieux de fusionner l'enseignement agricole et hôtelier pour que l'on forme une nouvelle génération à produire et à façonner des aliments de haute valeur qualitative et écologique et non des matières premières quelconques sans identité...

 

 «  L'Europe, son rôle est de protéger. Ce n'est pas d'exposer ou de nous affaiblir. ». Vous présidez en ce moment même le G20. Il faut ré-imaginer les champs possibles de commerce et les champs possibles de protection afin de créer un marché d'échanges équilibrés et non sauvages. Plus de 900 millions de personnes souffrent de la faim. Le modèle économique de la concurrence pour la concurrence montre depuis 2007 ses limites sur la question alimentaire.

 

Le souhaiter ou l'exaucer, Mr le Président, ne suffit plus ! L'élevage français est en train d'en faire le douloureux apprentissage dans les négociations entre l'Europe et le Mercosur.

 

Monsieur le Président, vous avez les clés en mains pour accompagner la nouvelle génération afin de devenir « co-productrice » de notre assiette. La convivialité de notre repas, enviée à travers le monde, en dépend. C'est aussi à cette condition, qu'un jour, mon fils pourra devenir à son tour paysan.  

 

Veuillez recevoir, Monsieur le Président de la République, mes salutations les plus respectueuses.

 

Mickael POILLION

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Commentaires
A
Mon cher Mickael, je pense que c'est JA qui a sclérosé la dynamique d'installation ! quand je me rappelle les difficultés que l'on m'a faites parce que je ne m'installais pas en filière classique mais en diversification ! et pourtant elle tourne, mon exploitation ! comme peu d'exploitations laitières peuvent le dire, là je suis en totale rupture de stock, en plein mois de février : saison creuse !... Il faut ouvrir les portes et les fenêtres, arrêter de ne cibler que des installations "viables" selon des critères étriqués, car la viabilité, c'est chaque entrepreneur qui la fait, pas les référentiels des DDT ou des chambres ! On a des potentiels d'installations, mais les règles sont tellement rigides qu'on passe à côté d'une vraie richesse humaine qui permettrait de renouveler la face de l'agriculture française...
U
Chaise vide ? <br /> A mon avis l'avenir de la PAC est bien plus importante qu'un dîner à l'Elysée (surtout quand on voit comment ça vole haut en ce moment en terme de débat politique...) <br /> Toi qui débat dans les hautes sphères syndicales pour l'avenir de la future P(A?)AC, que penses-tu de rajouter un A à la future-PAC pour la rendre plus accessible aux mangeurs que nous sommes tous? <br /> J'ai l'impression que ceux qui pensent cette politique se triturent le cerveau à imaginer un tas de choses compliquées (aides, outils de régulation, normes....)rudement lourdes à mettre en place, toujours plus contraignantes pour les paysans et qui sont incomprises par une bonne partie de la société. C'est certainement nécessaire pour partie, mais ils oublient l'essentiel : le mangeur ! <br /> Les IAA, la GMS, l'incite toujours plus à "CON-SOMMER", ne serait-il pas du devoir de l'Etat(de l'Europe) de mettre en oeuvre aussi des moyens pour inciter le mangeur à "BIEN-SOMMER" surtout quand on voit le désastre le nutritionnel actuel et les abbérations quotidiennes (hélas!) de notre consommation alimentaire ? <br /> La finalité de l'agriculture est-elle de nourrir ou de produire (à tout prix)? On se demande si ils ne l'ont pas oublié. Se sont-ils jamais posé la question d'ailleurs ?
M
Continuez à vous battre pour défendre votre belle profession indispensable pour nourrir convenablement les humains. N'attendez rien de Nicolas Sarkozy. Il s'intéresse exclusivement aux riches dont il fait partie.
J
J'ai suivi votre intervention sur France Inter,je constate que les jeunes agriculteurs que vous représentez, ont un regard tout à fait inovant sur la façon d'envisager l'agriculture de demain.<br /> Félicitation pour vos commentaires, continuez dans cette voie. Comment vous soutenir dans votre action?<br /> Jean-jacques
M
Ouais, bien envoyé, et puis on ne doit pas si bien manger que ça à l'Elysée, t'as rien râté! <br /> <br /> Juste un truc, si les français se pressent au SIA, c'est plus aujourd'hui pour s'empifrer gratuitement d'agroalimentaire que pour signaler leur attachement à la paysannerie française, non? Un vrai attachement, ne serait-ce pas de fuir l'agroalimentaire justement? <br /> Sur mon blog Délices & décadence, Je vais sans doute être un peu critique sur le SIA dans les jours qui viennent...<br /> Bonne journée, <br /> Marie
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