Manger « bon », un luxe ?
Je profite de ce billet, chers visiteurs et visiteuses du blog, pour vous remercier de votre attention à mes posts, et pour vos nombreux commentaires qui contribuent chaque jour à enrichir son contenu !
Les commentaires de « Knarf » et « Catherine » suite au post « Manger bio coûte 72% plus cher » du 26/11/09, l’un sur les effets pervers du « tout-local » et l’autre sur le prix encore élevé des produits agro-alimentaires, m’amènent à faire une tentative de réponse…
« Je reste très circonspect sur l'approche qui affirme : mangeons ce qui se trouve autour de chez nous, surtout ne pas aller chercher des produits ailleurs, suivons les saisons... » écrit Knarf. En fait, en défendant sur mon blog l’agriculture locale, je voulais dire par là qu’en industrialisant toute l’alimentation, en cassant toute identité d’un produit, en faisant croire que l’on peut tous à travers la planète manger la même chose au même moment, on prend le risque de rendre l’alimentation insipide, chère puisque transformée, « marketée », emballée et ainsi confisquée par des entreprises multinationales. L’alimentation fait partie de nos cultures or la bouffe version Mac Do ne renvoie à rien. C’est évident qu’il faut continuer à échanger des denrées alimentaires avec d’autres pays, d’autres territoires, mais il faut différencier celles qui servent à nourrir une famille et celles qui n’apportent que des dollars de plus à l’agro-business.
« Agriculture raisonnée et bonne qualité à prix raisonnable sont un rêve qu'il serait de bon ton de réaliser pour que les moins favorisés aient aussi accès à autre chose que la "male bouffe » écrit Catherine.
Entièrement d’accord ! Dans notre cher pays, le risque de pénurie alimentaire a été réglé il y a bien longtemps grâce à des politiques de protection de l’agriculture. Cependant, il existe malgré cela une fracture économique et culturelle concernant l’accès aux différents produits, notamment ceux dits « de qualité ». Le panier de courses quotidien version J-P Coffe (rempli de denrées locales, de saison, variées) est certainement de bon sens, mais pas si simple à mettre en oeuvre. Souvent les consommateurs les plus pauvres n’ont pas le droit de participer à cette alimentation plaisir/santé et doivent se contenter de l’alimentation standardisée sans jamais connaître autre chose.
C’est pour cette raison qu’il me semble nécessaire de recréer dès l’enfance un lien plus fort entre production et consommation permettant aux uns et aux autres d’accéder à la diversité, qui est un vrai luxe. J’ai proposé dans un de mes posts de commencer par les cantines scolaires qui pourraient être fournies localement avec du bio et du non bio mais de qualité. La différence de prix (s’il y a en a réellement une ) pourrait être compensée par les conseils régionaux par exemple. Cela permettrait aux paysans locaux de trouver un débouché stable et à nos enfants d’être égaux face à la diversité de l’alimentation. Un choix de citoyen pour un nouveau modèle de société, et non plus seulement un choix de consommateur soucieux de son mieux-être.