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TU SERAS PAYSAN MON FILS
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23 novembre 2009

Lait : contractualisation ne rime pas forcément avec soumission…

Le_contrat

Comme promis lors d'un de mes premiers posts, je reviens sur la question épineuse de la « contractualisation » dans la filière laitière, censée formaliser les relations entre producteurs et industriels. Pourquoi maintenant ? Tout simplement parce qu’un bras de fer de manchots est actuellement en train de se jouer entre l'APLI, le mouvement récent de producteurs de lait qui ont appelé à la grève des livraisons, et la FNPL, branche laitière de la FNSEA reconnue comme négociatrice au sein de l'interprofession laitière.

Chacun a tort (ou raison) dans son coin

Petit rappel : depuis les choix de dérégulation des pouvoirs publics français et européens, l'interprofession ---qui jusque là organisait le dialogue entre la partie transformation (coopératives et privés) et la production (Fnpl) aidée ou encadrée--- bat de l'aile et les producteurs ont perdu tout poids dans les négociations.

C'est à ce moment que, pour pallier aux manquements des pouvoirs publics, les différentes parties de l'interprofession émettent l’idée de formaliser leurs relations, à savoir imaginer un contrat entre le producteur et son entreprise qui engagerait chacune des parties.

Pendant ce temps, le mouvement de l'APLI mènent une lutte, tout à fait justifiable, sur la régulation européenne comme seule solution à la crise actuelle en appelant notamment les Etats à s'emparer de la question ainsi que la commission européenne.

D'un côté, on a donc une FNPL qui nie le déséquilibre de relations avec la transformation et croit encore avoir un rapport de force. Et de l'autre l'APLI qui ne jure que par un changement radical des politiques sur la régulation à court terme, ce qui me parait aussi plausible que de demander à la Chine et aux Etats Unis de s'engager à réduire fortement leurs émissions de carbone à Copenhague !

Faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ?

Je crois pour ma part que des outils de régulations sont nécessaires quand on parle d'alimentation, je le répète sans cesse, mais il faudra les imaginer autrement que par

du dumping à l'export ou du stockage bête et méchant. Je crois aussi que quelque soit l'engagement des pouvoirs publics dans les règles du jeu, les paysans doivent pour trouver une solution de long terme et recréer un rapport de force avec les transformateurs qui se foutent de leur devenir et des équilibres territoriaux.

Et si pour cela, nous devons envisager de gérer la collecte de notre lait, de demander un mandat des producteurs pour concentrer l'offre de lait en trois ou quatre Organisations légères de Producteurs (une OP par bassin de production), alors je suis prêt à débattre de l'intérêt de la contractualisation collective.

-Nous ne devons pas lier les producteurs à une seule entreprise ou à une seule valorisation de lait (exemple d'Entremont et de biens d'autres sur le beurre et la poudre) au risque de tirer les paysans vers le bas.

-Nous ne devons pas nier l'appétit des pays voisins prêts à produire "pas cher" mais nous devons créer les conditions pour se réapproprier, sans attendre une lueur de lucidité (cf post précédent) de la part de la commission européenne, le devenir de notre travail, de notre produit.

La pluralité syndicale, si chère à l'APLI,  s'exprimera au sein des Organisations de Producteurs. Ces OP se réuniront afin d'établir une stratégie de négociation pour renforcer le rôle de l'interprofession, le lieu de la gestion des volumes et de segmentation des marchés (beurre, fromage, lait de consommation, AOC...) en accord avec les pouvoirs publics.

Alors ce bras de fer de manchots m’agace : la Fnpl avance sur le contrat par entreprise au mépris des alertes, le ministère fait machine arrière après s'être mouillé sans connaître le dossier, et l'APLI pour exister après la grève du lait, au risque de se passer d'un outils utile, balance à tout va un message anti-contractualisation sans mesurer ses effets dévastateurs quand au besoin d'engagement des producteurs dans leurs productions.

La question est complexe et elle mérite d'être traitée par tous les acteurs impliqués avec sérieux, car quoiqu'il arrive, tricherie ou pas, on ne rejoue jamais les matches...

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Commentaires
C
les ja ont les memes idées que la cr ....<br /> les "vieux" vont pas etre content <br /> http://www.terre-net.fr/dossier_special/simachinisme-2011/?idDoss=165&idrub=2562&id=68987
Y
Votre idée de gérer la collecte vous-mêmes, en formant des groupements de producteurs, est très bonne. À votre stade, votre produit est périssable et vous êtes en position de faiblesse vis à vis des transformateurs, dont les produits finis peuvent être stockés plusieurs semaines avant d'être mis impérativement sur le marché. <br /> Le mieux serait des coopératives intégrant toute la chaîne, de la production de la matière première, jusqu'à la distribution. Il me semble que c'était ce qui se passait il y a quelques années. Que s'est-il passé?
M
La question est complexe et elle mérite d'être traitée par tous les acteurs impliqués avec sérieux, car quoiqu'il arrive, tricherie ou pas, on ne rejoue jamais les matches... <br /> <br /> très complexe !<br /> (mon époux est responsable des prêts à l'Agriculture....je tairai où , par contre , il est très souvent outré par ceux dans haut ...qui promettent beaucoup sans ne rien avoir !)
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