L'agriculture, un business comme un autre...?
"Après la Bourse en ligne et l'énergie, Charles Beigbeder se lance dans l'exploitation agricole en Ukraine." pouvait-on lire dans le journal Le Monde le 13 novembre dernier.
« Aujourd'hui, Charles Beigbeder s'est découvert un nouveau métier : agriculteur .», écrit le journaliste, et Chââârles d'expliquer : "On est dans ce métier, car on pense qu'il y a un déficit de capacité de production agricole. On a investi pour élargir l'offre et, franchement, c'est un bon usage de capital. Les populations locales restent propriétaires des terres, touchent un loyer, certains travaillent dans nos exploitations et nous avons multiplié par six la production des trois fermes."
Il est vraiment trop sympa ce Beigbeder ! Le plus hallucinant, c'est cette croyance très forte de l'incapacité des populations locales de produire pour elles mêmes. Un sentiment souvent partagé par une partie des agriculteurs des pays industrialisés mais surtout dans une vieille garde de décideurs politiques.
"Nous devons produire plus et mieux !" je l'ai encore entendu aujourd'hui de la part d'un haut fonctionnaire. Résultat, forte de cet adage, la fameuse coopérative Champagne Céréales de ce cher Charles B. est en train de réinventer une forme de colonialisme qui ne dit pas son nom.
Dans l'idéologie de Beigbeder et de ceux qui le soutiennent dans ce nouveau business, les populations locales bossent pour des boites étrangères, et devront pour se nourrir racheter leurs produits alimentaires à prix d'or, les laissant toujours dans une forme de dépendance.
On reproduit le système actuel connu dans les pays industrialisés censé répondre à l'enjeu alimentaire mais qui montre aujourd’hui ses limites. Au final, cette agriculture plutôt spécialisée, intégrée à des filières maîtrisées par des industries multinationales favorise inconsciemment la dépendance paysanne et dégrade les ressources naturelles.
On est face un problème de concentration des richesses. Certes, la production doit augmenter dans certaines régions du monde mais cela doit se faire avec des paysans autonomes et non « salariés de trusts ». La production agricole doit par contre être maîtrisée et équilibrée partout en Europe pour éviter de donner l'occasion à Beigbeder et Champagne céréales de faire leur sale boulot.